vendredi 2 février 2007

Pourquoi un tel projet...

Dans un monde en mal d'exemplarité, deux trentenaires se sont mis en quête d'hommes et de femmes incarnant l'engagement et le dépassement de l'individualisme. Ils en ont fait un livre et ce blog continue sur internet leur travail.

Père Pedro, Nathalie Charpak, Jean-Christophe Rufin, Miguel Benasayag, le père Ceyrac, Dominique Lapierre... Les auteurs sont allés rencontrer des médecins, missionnaires, écrivains ou encore mécènes aux quatre coins de la planète pour tenter de répondre à ces questions: qu'est-ce que l'engagement aujourd'hui? Est-il réservé à une élite? Y a-t-il encore des héros? Si oui, faut-il s'en inspirer comme on suivrait des modèles? A la fois carnet de route et livre d'entretiens, cet ouvrage est un véritable appel, une incitation à agir, à changer soi-même pour faire bouger les choses. Car, au bout du compte, l'engagement ne relève pas de l'extraordinaire: il est une façon d'être.

La rencontre de l'Abbé Pierre


Voilà ce que nous confiait l'Abbé Pierre le 9 juin 2003, au début de notre réflexion:

"Toute ma vie j’ai été convaincu qu’un homme seul, sans qualités spéciales a priori mais animé d’un profond amour pour l’autre, peut changer le destin du monde.

Qu’est-ce qui fait qu’une vie ordinaire se transforme parfois en une existence d’exception ?
Dans mon cas, l’hiver 1954 a constitué un tournant dans ma vie. Un événement imprévu et qui, pourtant, cinquante ans après, continue !

Parfois, l’intuition, le hasard d’une rencontre, d’un regard suffit à bouleverser une vie. "

Notre questionnement a trouvé un écho au travers du témoignage de celui qui nous a quittés il y a quelques jours... Ses paroles nous ont mis sur la voie.

samedi 27 janvier 2007

Héros batisseurs


Les héros bâtisseurs, ce sont ces femmes et ces hommes habités par l'envie de construire des villes, des villages à ceux qui ont tout perdu, et qui retrouvent ainsi dignité et envie de se battre.

Nous en avons identifié quelques uns; chacun a une vision, une personnalité et des valeurs fortes à l'origine du succès de son initiative.
Pedro Opeka, alias Père Pedro, un argentin qui vit à Madagascar est l'un d'entre eux. « J’ai voulu imiter Jésus à partir de l’âge de dix-sept ans. » Lui et l'Abbé Pierre ont la même ténacité, la même rage de vaincre la misère et l’exclusion, la même foi. Il sont les bâtisseurs de cathédrales des sans-abri, les porte-parole des sans voix, la force des faibles, est-il écrit en couverture d’un livre d’entretiens entre ces deux hommes.

Nous avons partagé son expérience pendant quelques temps...

Pierre Ceyrac... un héros anonyme


Les chiffres donnent la mesure du personnage : cent soixante-cinq foyers qui accueillent vingt-cinq mille enfants dont quatre mille orphelins, pris en charge par neuf cents veuves et cinq cents autres jeunes femmes; mais aussi mille deux cents puits creusés fournissant de l’eau à cinq cents mille villageois; cent vingt coopératives agricoles permettent à cinq cents mille autres paysans d’accéder à des outils de production et aux crédits bancaires; plusieurs écoles et centres de formation au service de dix mille intouchables; une ferme pionnière de cinquante hectares donnant du travail et des ressources à plusieurs dizaines de personnes; un hôpital; un centre pour enfants polios; un village pour lépreux…

Evidemment, un tel bilan en fait à priori un « héros moderne ». Mais quel contraste avec ses propos que j’ai toujours en tête : « Je ne fais rien ici. D’autres font tout : ils s’appellent Kalaï, Anthony, Adaïkalam et Thanappan. »

Voici donc Anthony Raj, que Pierre Ceyrac appelle "Fighting Tony", défenseur des intouchables.



« Celui qui ne fait de tort à personne ne craint personne. N’ayant rien à dissimuler, il n’a peur de rien. Il regarde tout homme dans les yeux. Il marche d’un pas assuré, le corps droit. Il est toute franchise et ce qu’il dit va droit au but. »

vendredi 26 janvier 2007

Ecrivain philanthrope

Tout d'abord, nous ignorions les détails de l’aventure humanitaire de Dominique Lapierre, l’écrivain aux cinquante millions de livres vendus. Il nous a suffi de quelques recherches sur internet pour en savoir plus et découvrir des chiffres vertigineux : son ONG investit en moyenne un million et demi d’euros par an. Elle guérit, entre autres, quatre millions de tuberculeux, prend en charge des milliers d’orphelins et soigne plusieurs milliers de personnes au moyen de bateaux dispensaires. Elle finance des cliniques de gynécologie et d’ophtalmologie ainsi que des centaines de dispensaires… Enfin, mille personnes – médecins, infirmiers, physiothérapeutes, éducateurs – travaillent en Inde grâce au soutien de l’association que Dominique Lapierre a fondée avec sa femme, il y a vingt-cinq ans.



« Vous savez, pour moi, un « héros » doit avoir pris des risques réels, qui engagent son existence », me répond-il lorsque je lui téléphone. « Ce n’est pas mon cas. Je ne suis qu’un passeur, le détonateur d’une formidable aventure. D'ailleurs, j’ai prévu de partir dans trois semaines à Calcutta avec mon épouse. Si vous êtes disponibles, venez nous y retrouver. Là-bas, vous verrez de vrais « héros ».»
Nous l'avons suivi et il avait raison.

jeudi 25 janvier 2007

Sauver un enfant, c'est sauver le monde (Dostoievski)

Nathalie Charpak est la chef de file de la méthode dite « kangourou » permettant de prendre en charge, sans couveuses, les enfants prématurés du monde entier.

Déjà, sur plusieurs continents, des dizaines de milliers d'enfants en ont bénéficié.





Les pays pauvres ne sont pas les seuls concernés. « Une mère et son enfant ne devraient jamais être séparés : la mise en peau à peau dès les premières heures de vie gagnerait même, selon la pediatre, à devenir la règle dans toutes les maternités du monde. »

D’un naturel simple et accessible, Nathalie Charpak n’est en aucun cas « dans l’exemplarité ». Sa chaleur et sa manière un peu rudoyante de s'adresser à de minuscules petits êtres la rend singulière et sympathique. Elle témoigne d’une « force d’existence », d’une « présence dans l’instant » surprenante. Elle est tout entière engagée.